Tout a commencé par des sensations de déjà-vu jusqu’aux rêves. Il a d’abord cru à un léger surmenage professionnel, après tout l’esprit nous envoie des images que nous côtoyons volontairement ou non. Ses doutes se sont formés lorsqu’il commença à reconnaître, beaucoup trop, les visions qui trituraient son cerveau. Cela avait débuté par une vieille Volkswagen coccinelle beige garée aux abords d’un lac, lui arrangeant sa coiffure dans le rétro et le plâtre qu’il avait au bras. Il ne s’était pourtant jamais cassé un os. Un spring break, une plage remplie de jeunes, une ambiance… Sixties. Cela se poursuivait avec deux jeunes femmes qui tentaient de l’aider à charger une planche de surf sur le toit de cette voiture qui semblait être la sienne. Il y avait des rires, de la séduction même, il ressentait l’emprise qu’il avait sur les deux inconnues… Tout s’arrêtait et, un flash onirique plus tard, il était en train d’étrangler une étudiante de ses mains, il pouvait percevoir la peur, l'asphyxie dans ses yeux et il adorait ça. Le contrôle. Son éveil, à proprement parlé fut lorsque dans ce rêve, il se vit mordre violemment la cuisse d’une brune qui était déjà inerte. En un sursaut et couvert de sueur, il s’était réveillé, au pied de son lit, le goût ferreux du sang dans la bouche. Cela avait dû lui prendre que quelques secondes pour réaliser ce qu’il se passait, ce qu’il était. Il avait pondu un putain de mémoire de fin d’études de plus de deux-cents pages sur Ted Bundy, il le connaissait du bout des doigts, mais à l’époque, il croyait que c’était dû à ses recherches et non à l’âme antérieure de ce serial killer qui avait élu domicile dans son corps. C’était moche. D’autant plus qu’en découvrant ses différences avec le monstre, il découvrit de nombreuses ressemblances avec l’homme.